L’Argent de poche est un film français réalisé par François Truffaut, sorti le 17 mars 1976.
Hier soir, en regardant ce délicieux film de Truffaut, j’ai vraiment été interpellé par ce monologue qui reste 33 ans plus tard tellement d’actualité. Je tenais simplement à souligner que le combat pour nos enfants est et sera toujours difficile mais jamais impossible.
À la fin du film Julien, un des enfants, est sauvé des griffes de ses parents maltraitants, c’est l’occasion pour Jean-François Richet, le professeur interprété par Jean-François Stévenin, de faire un cours sur son engagement auprès des élèves. Il a choisi d’enseigner pour lutter contre les injustices faites aux enfants.
Je vous laisse apprécier les paroles de Jean-François…
Jean-François Richet, le professeur parle ainsi à sa classe…
Maintenant, vous allez tous partir en vacances… et moi aussi, je voudrais parler de Julien.
A propos de Julien, je sais pas grand chose de plus que vous… mais je voudrais vous donner mon point de vue.
D’abord,Julien sera pris en charge par l’Assistance Publique.
Il va être placé dans une famille.
Quel que soit l’endroit où il sera, il sera évidemment mieux… qu’avec sa mère et sa grand-mère où il était maltraité, où il était battu.
Sa mère perdra ses droits maternels, il lui sera interdit de s’occuper de lui.
Je pense que pour Julien, la vraie liberté va commencer à 15 ou 16 ans…
Lorsqu’il se sentira libre d’aller et venir.
Devant une histoire aussi terrible que celle de Julien… notre première réaction est de se comparer à lui.
J’ai eu une enfance beaucoup moins tragique que Julien, mais pénible.
J’étais très impatient de devenir adulte parce que… je sentais que les adultes ont tous les droits.
Ils peuvent diriger leur vie comme ils l’entendent.
Un adulte malheureux peut recommencer sa vie ailleurs, repartir à zéro.
Un enfant malheureux ne peut pas avoir cette pensée.
Il ne peut même pas mettre un nom sur son malheur.
Et surtout, il ne peut même pas remettre en question les parents ou les adultes qui le font souffrir.
Un enfant malheureux, un enfant martyr, se sent toujours coupable.
Et c’est cela qui est abominable!
Parmi toutes les injustices au monde… celles qui frappent les enfants sont les plus ignobles.
Le monde n’est pas juste et ne le sera jamais… mais il faut lutter pour davantage de justice.
Il le faut, on doit le faire!
Les choses bougent, mais pas assez vite.
Les gens qui nous gouvernent commencent leurs discours… en disant : « Le gouvernement ne cédera pas à la menace! »
Mais en réalité, ils cèdent toujours à la menace!
Les améliorations ne sont obtenues qu’en les réclamant fortement.
Depuis quelques années, les adultes l’ont compris… et obtiennent dans la rue ce qu’on leur refuse dans les bureaux.
Je veux vous montrer que les adultes, lorsqu’ils le veulent vraiment… peuvent améliorer leur vie, peuvent améliorer leur sort.
Mais dans toutes ces luttes, les enfants sont oubliés.
Aucun parti politique ne s’occupe réellement des enfants… comme Julien ou comme vous.
Y a une raison à cela. C’est que les enfants ne sont pas des électeurs!
Si on donnait le droit de vote aux enfants… vous pourriez réclamer davantage de crèches, de n’importe quoi… et vous l’obtiendriez car les députés voudraient avoir vos voix.
Vous obtiendriez le droit d’arriver plus tard à l’école en hiver… au lieu de venir en courant dans la nuit.
C’est parce que je garde un mauvais souvenir de ma jeunesse… et que je n’aime pas la façon dont on s’occupe des enfants…que j’ai choisi de faire ce métier, instituteur.
La vie n’est pas facile. Elle est dure.
Il faut apprendre à vous endurcir pour pouvoir l’affronter.
Je ne dis pas à vous durcir, mais à vous endurcir.
Par une balance bizarre, ceux qui ont eu une jeunesse difficile… sont souvent mieux armés pour affronter la vie adulte… que ceux qui ont été très protégés ou très aimés.
C’est une sorte de loi de compensation.
La vie est dure mais elle est belle, puisqu’on y tient tellement.
Il suffit qu’on soit obligé de rester au lit à cause d’une grippe… pour s’apercevoir qu’on a envie d’être dehors, de se balader.
Pour s’apercevoir qu’on aime vraiment beaucoup la vie.
Bon. Maintenant, vous allez tous partir en vacances.