L’annonce a instantanément fait bondir les élus. Jean-Louis Borloo, ministre de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables, a évoqué devant une centaine de parlementaires, conviés à son ministère lundi 17 septembre, la prochaine montée en puissance des produits biologiques dans les cantines.
La mesure, qui figurait dans le programme électoral de Nicolas Sarkozy, est discutée dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Le groupe de travail consacré à l’agriculture s’apprête à proposer un objectif de 20 % de produits bio et à « haute valeur environnementale » dans la restauration collective d’ici à 2012 – contre 0,7 % qui sont issus de l’agriculture biologique aujourd’hui.
La mesure est loin de séduire les parlementaires, qui sont souvent des maires. « Comment fait-on ?, interroge Patrick Ollier (UMP, Hauts-de-Seine), président de la commission des affaires économiques, de l’environnement et du territoire de l’Assemblée nationale. J’ai essayé et je me suis retrouvé avec des prix plus élevés de 15 % ou 20 %, l’offre est insuffisante. »
D’autres estiment que la filière bio n’est pas assez contrôlée. « Il y a des garanties de méthode, mais pas suffisamment de garanties de qualité », estime un parlementaire, qui évoque des cas récents de blé charançonné. Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, qui a développé dans sa ville de Crey un programme de développement durable et de lutte contre les émissions de CO2, estime que « le bio, c’est de la « com » coûteuse« .
AUGMENTATION DES SURFACES
Le ministre de l’écologie a tenté de les rassurer : « Si ça coûte cher aujourd’hui, c’est d’abord à cause d’une question de structure du marché et d’organisation de la filière d’approvisionnement« , a-t-il expliqué.
En France, le développement de l’agriculture biologique, longtemps contesté par le syndicat majoritaire la FNSEA, n’a pas été très soutenu par les pouvoirs publics. Seul 1,8 % des terres est cultivé sans produits chimiques, contre 8,7 % en Autriche et 3,9 % en Allemagne. Une part importante de la consommation française de produits bio est donc importée.
L’idée avancée par le groupe de travail du Grenelle est au contraire de promouvoir les circuits courts de commercialisation. Pour ce faire, des objectifs ambitieux d’augmentation des surfaces en agriculture biologique seraient proposés : 6 % d’ici à 2010, et 20 % d’ici à 2020. Car l’agriculture bio est non seulement « un mode de production très respectueux de l’environnement », il est aussi « fortement pourvoyeur d’emplois« , relève le groupe de travail.
Déterminé à ce que les « cantines bio » figurent dans les conclusions du Grenelle de l’environnement, Jean-Louis Borloo aurait promis d’assortir la mesure d’un objectif de « coût constant ».
[SOURCE] Le Monde – 21.09.07 – Gaëlle Dupont et Christophe Jakubyszyn